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La crème des crèmes

Depuis que j’observe l’activité humaine, je me nourris avec beaucoup d’étonnement des coutumes de mon lectorat bipède préféré. Intrigué par votre art culinaire, j’avoue l’avoir d’abord essayé avec bien des réticences, puis ai été littéralement séduit par tous ces agréments qu’un repas peut prendre grâce à  votre talent. Loués soient vos congénères qui ont apporté à  l’art de la table celui d’élaborer des desserts, car ils possédaient en outre celui de conclure en beauté.

Toutefois, je ne me permettrai pas de dire que je suis en mesure d’en apprécier toutes les subtilités, car au fond j’ai des goûts relativement simples qui sont certainement liés à  mon état de pingouin ordinaire. Ceci dit, cela ne m’empêche pas d’avoir mes petites préférences. Pourquoi m’en priver ?

Mon sujet du jour fait autant le bonheur des palais occidentaux que des orientaux. Il s’agit de la crème dessert. Oui, quel sujet saurait être plus appétissant qu’une crème en guise de dessert ?1 Personnellement j’aime ce doux péché nature, vanillé, chocolaté, au beurre ou auburn, et même caramélisé, même si je vous avouerai non sans honte que c’est un crime contre l’oviparité toute entière.

En effet, la crème c’est ce délice nourri aux œufs et au lait, ce précieux liquide vital qui lui donne le soyeux de sa texture. La crème se dévore d’abord des yeux, avant bien sûr d’être portée à  nos lèvres euh nos becs, c’est fou ce que parfois je m’humanise. Sans crème, c’est le plaisir de vivre qui s’évanouit, et je ne dis pas cela par excès de gourmandise. Je la serre, et hume son parfum avant de la goûter pleinement.

Hélas l’amertume me saisit dès que je vois, que j’apprends, que certaines crèmes sont impunément “ maladroitement disent-ils “ renversées alors que les crèmes sont tout simplement renversantes. C’en est à  me couper l’appétit. Pourquoi faudrait-il l’associer aux soufflés et aux tartes ? Ce n’est en rien un agrément si la crème doit être battue pour ne pas dire fouettée. Voilà  de sinistres idées dont la logique m’échappe encore. Cela me pétrifie de peur et m’atterre avec la même teneur en argile que la crème en glaise.2

Une pareille attitude relève sans doute du comportement erratique de l’homo sapiens, dont je sais que certains d’entre eux vont plus loin en n’hésitant aucunement à  dépasser les limites de la bienséance, puisqu’ils vont jusqu’à  confondre la crème et la crêpe qu’ils font sauter, avant de la retourner et de l’aplatir sans le moindre égard. Bien cuite, ils leur plait de la faire passer à  table – quand ce n’est pas à  tabac – pour mieux digérer leur festin ; ceux-là  n’hésitent jamais à  dire qu’ils lui font sa fête.

Pourtant la crème mérite plus d’attention que lorsqu’ils s’enflamment en la faisant passer à  la casserole et que de manière ingrate ils font d’elle une crème brulée. Si la crème à  déguster est un sujet qui s’use plus vite qu’on ne croit3 , sa longévité s’érode à  chaque coup porté, d’autant que l’on ne peut pas dire de ceux qui lancent ces assauts affamés qu’ils n’y vont pas avec le dos de la cuiller.

Cette tragique situation paraît sans issue pour elle, tant qu’elle n’aura pas su se séparer d’une aussi sinistre compagnie dont on souhaiterait qu’elle reste sur sa faim. Non, vraiment, la crème mérite mieux que d’être traitée en vulgaire objet. Assez de ceux qui voudraient que leur crème soit pâtisserie lorsqu’ils s’en bâfrent et la pétrissent jusqu’au bout du rouleau, et qui la voudraient tapisserie une fois que leur rouleau a fini d’écrémer. Le jour où la crème les mettra dans le pétrin, ils ne pourront s’en prendre qu’à  eux-mêmes.

Alors faut-il avoir le dessus, la main haute, aussi levée que le coude d’un boit-sans-soif ? Faut-il pour cela que la crème ne se laisse pas abattre afin que la crème battue leur échappe ? Pourquoi lever le coude ? Pourquoi lever la main ? Pourquoi baisser les bras face à  un comportement aussi bas ? La violence est un trait singulier que certains de vos congénères devraient se garder de conjuguer, surtout dans leurs rapports conjugaux.

Les crèmes sont alléchantes mes amis, ne perdez jamais une occasion de savoir vous comporter à  table. Ne faites pas comme moi, mes chers amis, saisissez votre chance, ne la laissez pas passer. Si je vous dis cela messieurs, ce n’est pas juste pour jaboter, mais c’est parce que cette chronique ce n’est pas du flan. Quant à  vous mesdames, mes chères dames oiselles, il me semble inutile, je crois, de vous rappeler que la crème de l’humanité c’est vous et vous seules.

P.S : Compte tenu de l’activité hexagonale ce jeudi, ne comptez pas sur moi pour faire grève de la faim.

X4

  1. La crème des serfs se doit-elle de résider dans les palais ? Oui répondraient volontiers les empereurs au nom de leur impérieux besoin en crèmes. []
  2. J’ai bien failli évoquer une crème en glaise d’une pétrifiante argilité.  []
  3. Et non « qu’on ne croît », l’accent circonflexe n’est pas ici de raideur euh de rigueur. À ce propos, cher lectorat, veuillez abandonner ici toute recherche de jeux de mots ce qui pourraient avoir trait avec « l’effet se recule » et autres « l’écume me lasse ». Il n’est pas question de descendre en dessous de la ceinture au sein de cette chronique de pingouin ordinaire. Je m’adresse particulièrement à  vous mon cher lectorat masculin, sachez un peu vous tenir. []
  4. Anecdotes géographiques : On ne m’enlèvera pas de l’idée que la crème à  Hyères est la crème qui nous fait dire que la pendaison papa ça ne s’invente pas, et que la crème à  Sion a un petit goût de crème brûlée. []

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