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Qui a franchi le Rubicon ?

Cela s’est produit samedi dernier, et même si cela n’a pas de quoi découler sur un abondant roman fleuve, l’anecdote mérite d’être soulignée. Samedi dernier donc, le chef d’État français a su épater la galerie au salon de l’agriculture, et il est trop tard pour revenir en arrière et tourner sa langue sept fois.

C’est un fait, au même titre que l’indépendance du Kosovo : il n’y a plus qu’à  regarder et laisser faire. Voilà  pourquoi il faut surveiller son langage lorsque l’on est au poste le plus élevé de la fonction publique, et que l’on est suivi par la presse au moindre déplacement. C’est dans ces moments là  qu’il faut savoir s’abstenir de citer le requiem de Gainsbourg, et s’en tenir au niveau de la non-poignée de main de Giscard à  son ministre Chirac : on garde le sourire, et l’on feint de ne pas avoir été atteint.

J’avoue qu’il n’y a pas grand chose à  dire après avoir regardé la vidéo proposée par le Parisien, sinon que tout le monde préfèrerait que l’on s’en tienne aux bonnes manières surtout après avoir évoqué le besoin de remettre à  l’honneur la morale à  l’école.

Ce n’est pas pour jaboter, mais si l’on m’avait prévenu que la rupture s’étendrait jusqu’aux bonnes manières, j’aurais été loin de m’imaginer que la grossièreté contaminerait l’ouverture de l’orifice buccal du chef d’État. J’aurais préféré plus de fermeté ou alors au moins un semblant de fermeture. Le précédent de Patrick Devedjian à  l’encontre d’Anne-Marie Comparini devrait rappeler à  toute figure publique que son espace privé est restreint, et qu’il faut se surveiller sans cesse. Les amateurs de noms d’oiseaux pourraient citer aussi cet autre moment d’échange de paroles entre le président et un marin pêcheur breton à  son balcon.

Évidemment, ce n’est pas en faisant preuve de vulgarité que l’on aide les parents à  donner l’exemple. Le président de la République devrait être exemplaire y compris pour les chérubins qui ne manqueront pas de n’en faire qu’à  leur tête lorsqu’ils utiliseront le mot con. Je l’utilise aussi d’ailleurs, à  la première personne du pluriel du verbe se moquer.

Aidons les élèves de CP à  sourire de la vie avant qu’ils n’entrent au CM2 dans quelques années, quand ils n’auront plus de quoi rire en lisant leur programme d’histoire. Voici comment conjuguer le verbe se moquer tel qu’il est enseigné à  l’école pingouinière. Je récite de tête, car je ne suis point une linotte :

«Tel le prodigue pingouin fécond, je me moque des faucons,

Si tu te moques d’être infécond, alors tu n’auras point de cocon,

Le martin-pêcheur comme le breton se moque du président depuis son balcon,

Nous nous moquons du président quand il prononce le mot con,

Vous vous moquez de Guy comme César se moquait du Rubicon,

Et elles se moquent du flacon pourvu qu’elles aient l’ivresse avec des Gascons.»

Je rappellerai donc aux enfants qui liraient ceci sans la présence et l’accord de leur parents que se moquer n’a pas grand chose à  voir avec la moquette, même si se moquer consiste parfois à  se rouler par terre. Et puisque de nos jours les parents ne contrôlent plus ou pas ce qu’observe leur progéniture sur la toile, autant en profiter pour se substituer à  eux l’espace d’un instant en inculquant à  leur descendance quelques notions essentielles.

D’abord, il faut savoir dire « vous » en toutes circonstances. On ne tutoie pas le président de la République s’il n’a pas commencé lui-même les hostilités. Même lorsque vous le comparez de façon angélique à  Séraphin Lampion, vous devez lui dire « vous » ou « monsieur le président (de la République) ». Sachez que le tutoiement tue tout le charme d’une algarade, le tutoiement est donc meurtrier alors qu’avec des « vous », l’adversaire finit par se rendre. Comment ? Vôtre volatil dévoué se fourvoierait-il ? Ce ne serait pas en vouvoyant que l’on obtient des rendez-vous ?

Qu’à  cela ne tienne, il ne faut pas que cela vous empêche de suivre les recommandations de Jean-Louis Fournier dans son «Je vais t’apprendre la politesse», qui nous rappelle qu’il ne faut pas dire «pauvre con à  un con, même si le con est pauvre».

Petit bonus inutile, une chère alcidée m’a porté ce résumé de l’actualité digne d’un rapport de secrétaire d’étable, qui rappelle les faits en image.

Voir aussi chez Kiwis : les réactions de Frednetick, Rose Noire, à‡a réagit, et le Chafouin.

6 Réponses pour Qui a franchi le Rubicon ?

  1. Gizmo

    J’ai regardé comment était relaté l’incident dans la presse anglo-saxonne, ce qui a considérablement élargi l’étendue de mon slang (avec des variantes très considérables). Pas sûre que cela soit recyclable dans une revue scientifique…

    Gizmo’s last blog post..Fumisterie

  2. Criticus

    « Angélique », moi ? 😉

    Criticus’s last blog post..Prosélyte malgré moi

  3. Salope, tocard et pôv con, le language fleuri d'un personnel politique proche des gens | FrednetickWorld

    […] reste chez les autres kiwis: Rose Noire, à‡a réagit, le Chafouin et Monsieur Pingouin Dans la catégorie: Actu Tags du post: , insulte, pauvre con, salon de l’agriculture, […]

  4. Monsieur Pingouin

    Chère Gizmo,
    J’imagine que ça devait valoir le détour, cet incident revu et corrigé par les Britanniques.
    Je devrais peut-être y jeter un œil.

    Cher Criticus,
    C’est largement angélique comparé à  ce que l’on peut trouver dans la blogosphère 😉 .

  5. Thibault

    Bonsoir,
    le pouvoir présidentiel a actuellement un problème de représentation, c’est sûr.

  6. Monsieur Pingouin

    Cher Thibault,
    J’ai bien peur que vous ayez raison.

    Même s’il avait été question d’une représentation au café de commerce, j’aurais préféré qu’elle ne prenne pas cette tournure. Il y a parfois des talents d’interprétation que l’on peut s’abstenir de prodiguer.