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Faut pas pousser Messmer dans les orties


Non faut pas pousser Messmer dans les orties, ne fais point à  ta grand-mère ce que tu ne voudrais point que l’on te fasse. Vous savez, j’aurais pu réutiliser le titre de Jacques Brel, «au suivant» pour commenter le décès de Pierre Messmer, mais j’ai préféré m’abstenir.

J’ai d’autres chats à  botter, encore que ce n’est pas pour jaboter mais après avoir chroniqué dernièrement au sujet d’un ancien locataire de Matignon, qui se définissait «comme un esprit carré dans un corps rond», voilà  que j’écris à  propos d’un autre ancien Premier ministre, qui se voyait lui plutôt comme «un provincial au carré» . C’est sans doute pour cela que Pierre Messmer était un homme de tête.

Inutile de vous expliquer, sans faire trop de civilités, qu’en tant que militaire, Messmer devait penser que c’était parce que les choses étaient carrées qu’elles tournaient rond. Sans doute une preuve de notre maîtrise géométrique de l’espace et du temps, dont l’illustration en éberlue plus d’un dès qu’il se demande pourquoi l’on surnomme la France l’hexagone alors que l’on parle toujours de ses quatre coins.

A mon humble avis de pingouin, et n’en déplaise à  Fox Mulder, la vérité est ailleurs que dans les complexes du pentagone ou dans les divagations géo-ésotériques du triangle des Bermudes. Je m’explique : prenons Garges dans le val d’Oise, on y trouve les gonesses, prenons ensuite Lyon, on y trouve les gônes. Cela prouve bien que les Français sont de grands enfants, or vous savez que chez nous l’on dit que la vérité sort de la bouche des enfants, j’en conclus que le pays mérite bien l’appellation d’exact gône.

Pour en revenir à  notre homme, à  91 ans, vous ne pourrez pas me faire croire que Pierre Messmer n’était pas résistant. A vrai dire, il était FFL, c’est tout comme. Et bien qu’on l’eut rarement vu en pétard, l’homme aimait bien faire boum, y-a-t-il quelque chose d’étonnant à  cela ? Il faut quand même savoir que le gaillard a détourné un cargo italien de Marseille jusque Gibraltar, juste pour rejoindre Londres afin de s’enrôler dans la légion étrangère et combattre en Afrique. Si les voyages forment la jeunesse, Messmer a dû rester jeune longtemps à  ce rythme là . Sans compter qu’il fut parachuté en Indochine en 1945, puis nommé par la suite à  divers postes dans divers pays d’Afrique jusqu’en 1959.

Nommé ministre désarmé de 1960 à  1969, il fit un large contre-emploi de cette position puisque pour s’armer d’autre chose que de patience en attendant la troisième guerre mondiale, Pierre Messmer aida la France à  se doter de la bombe. En bon gaulliste, comme beaucoup d’autres il vouait un culte au général, alors que les pingouins comme moi respectent plutôt le général Hiver, qui, lorsqu’il pose son lourd manteau blanc et froid, contraint les homo sapiens à  se demander s’ils n’ont vraiment rien d’autre de mieux à  faire que de se battre par un temps pareil. Evidemment, le jour où ils auront la mauvaise idée de fâcher ce général qui déteste les mycoses, ils pourront se demander vraiment s’il était nécessaire d’aller jusqu’à  un hiver nucléaire. Enfin que voulez-vous, les militaires sont des gens à  part. Ce sont les seuls que je connaisse à  avoir fait des alouettes, des gazelles et des écureuils, des armes de soutien. Même les braconniers n’y avaient pas songé, c’est dire à  quel point cela les distingue des hommes des casernes.

Peu importe, sachez qu’en dehors de l’armée et des champignons qui étaient aussi son dada, monsieur Messmer savait faire parler la tomme de sa voix la plus puissante. Ce n’est pas pour en faire un tout un fromage, mais lorsque l’on vint à  manquer de pétrole en 1973, notre homme ne manquât pas de ressource, puisque pour parer à  cette éventualité il lança l’édification de seize centrales nucléaires. Usé, malgré tout par le pouvoir et un mandat de Premier ministre, Pierre Messmer se retira définitivement de la vie politique en 1989, et s’attacha à  la rédaction de ses mémoires.

On ne le vit plus qu’au hasard de quelques apparitions, comme lorsqu’il fut appelé à  témoigner dans le procès Papon, dont il demandera la grâce en compagnie de Raymond Barre. En vain, puisque le président Chirac ne l’accorda pas.

Pierre Messmer considérait qu’il avait eu trois vies mouvementées, j’imagine que c’est toujours aussi passionné pour le champignon atomique qu’il essaya, de trompetter la mort, de devenir Immortel en entrant à  l’Académie française. Si les chats ont neuf queues et sept vies, je comprends que Pierre Messmer voulût échapper à  la Mort une fois de plus. Mais comme toujours, c’est la Mort qui a eu le dessus.

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